Isabelle Monnin, journaliste, achète un jour sur Internet un lot de 250 photos de famille d’anonymes, datant des années 70-80.
Elle explique dans un entretien au Monde « je les aime tout de suite, parce que je les trouve familières, authentiques et fragiles, comme le sont les photos de famille ».
Auteure très attachée aux thèmes de la famille, de la perte et de la filiation, elle décide de raconter la vie de ces gens en commençant d’abord par leur inventer des prénoms, des vies dans un roman puis ensuite en enquêtant pour les retrouver.
Elle choisit d’axer l’histoire de sa fiction sur trois femmes : la petite fille, la grand-mère et une mère, qui, elle, est toujours absente des photos. La deuxième partie du livre présente l’enquête, sa rencontre avec les « gens dans l’enveloppe » : grâce à une photo qui représente le clocher d’une église, elle retrouve le bon village, puis la famille, jusqu’à Laurence, la petite fille, qui s’appelle effectivement Laurence… De façon troublante, il se trouve qu’il y a de nombreux points communs entre la réalité et la fiction. Les deux parties du livre se font écho, se rencontrent parfois, souvent puis s’éloignent.
Ce projet révèle vraiment en quoi l’écrit, sous différentes formes (enquête, fiction), permet de conjurer l’oubli auquel nos vies sont souvent destinées. Sa profonde humanité m’a touché. La force du texte permet ici de répondre au mutisme et à la nostalgie des photos, de ressusciter des vies, de raconter les vivants, d’éclairer des vies, de donner à voir quelque chose d’à la fois universel et intime.
Alex Baupain, ami d’Isabelle Monnin, compose un album de chansons pour accompagner le livre ce qui fait de Les gens dans l’enveloppe, un objet hybride (roman, enquête, chansons).
Monnin, Isabelle, et Beaupain, Alex. Les gens dans l’enveloppe: roman, enquête, chansons. JC Lattès, 2015.
Pour l’acheter et le lire : https://www.librairiesindependantes.com/product/9782253067887/